C’est quoi au juste une bonne préparation ? Zoom sur les coulisses d’un mois de répétition pour préparer le Salon de la Danse 2018.
La motivation
Je profite de ma 2ème participation au Salon de la Danse de Paris à la Villette, pour vanter les mérites d’une préparation efficace. Me voilà repartie avec mon groupe de jazz dans un marathon de répétitions pendant un mois et demi pour mettre au point 2 chorégraphies que nous danserons sous la direction de notre professeur et chorégraphe Anne Beaucousin. Chacune d’entre nous ou presque avons à jongler avec notre travail, notre vie et la danse. Ce qui nous rassemble c’est notre envie de danser sur scène et si parfois les journées s’allongent à n’en plus finir et qu’il est difficile de se lever le lendemain matin, nous sommes heureuses de partager ces moments, et nous réalisons la chance que nous avons. Mais quand on y pense, travailler un mois et demi pour danser un peu plus de 5 minutes sur une scène, on pourrait trouver le ratio de rentabilité un peu insensé, non ? Oui mais la motivation est puissante. La motivation ne calcule pas les ratios, les quotients, les pourcentages de rentabilité du temps de préparation investi par rapport au temps réel de la performance !! La motivation c’est cette énergie qui arrive comme une vague et qui tient éveillé jusqu’au jour J. C’est un mouvement du cœur, pas du mental. Etre motivé c’est sentir l’excitation monter, l’adrénaline naître, c’est une espèce de fièvre qui vous possède et ne vous lâche plus jusqu’à la fin. Pour ma part, j’aime presque plus la préparation que la performance en elle-même car c’est là que je comprends l’importance du processus et sa puissance, c’est là aussi que je vois la transformation d’une ébauche en produit fini et c’est très inspirant.
La répétition est la mère de la maîtrise
On parle beaucoup de la « routine » du danseur et ce terme a souvent une connotation péjorative. Par routine, on en entend « répétition », « ennui », « lassitude ». C’est pourtant pendant cette routine que le danseur acquiert sa technique, ses connaissances, ses compétences. C’est le principal pilier de sa fondation et c’est évidemment inhérent à la préparation. Préparer une performance est une vraie démarche d’implication. C’est mettre en place un plan d’actions, en définir les différentes étapes, et parvenir à la meilleure version possible de nous-mêmes. Concrètement, dans un premier temps je m’astreins à apprendre la chorégraphie jusqu’à me libérer de la mémoire cérébrale. Tant que je danse « dans ma tête », je ne danse pas avec mon corps, je ne suis pas là. Je suis dans ma tête. Cette étape prend du temps car la mémoire n’est pas que celle des mouvements mais aussi celle des déplacements, de l’orientation dans l’espace, de la musique et de tous les petits détails. Ensuite, j’essaie d’écouter la musique avec une oreille neuve, de comprendre ce qu’elle m’inspire, en quoi elle me parle. J’élimine les incertitudes, les zones d’ombre, les doutes. Puis « j’incorpore » le mouvement dans ma gestuelle, dans mon corps, dans ma façon de bouger ou d’interpréter un mouvement. C’est comme si je redécouvrais un plat que j’aime, j’en savoure la texture, le goût, l’odeur. Pour finir, je fais confiance à mon corps. Maîtriser un sujet, une partition, une chorégraphie ou quoi que ce soit est indissociable de la répétition. L’un ne va pas sans l’autre. Tous les grands champions ou grands dirigeants qui doivent performer dans leur domaine respectif travaillent sans relâche, se trompent, tombent, recommencent encore et encore. L’improvisation n’a pas sa place ici, c’est le contre-pied de la maîtrise.
Le « bien » est l’ennemi de l’excellence
En effet, il y a toujours à faire même quand on croit avoir tout fait ! Et la danse s’applique parfaitement à cette théorie. En recherche permanente de perfection les danseurs ne s’arrêtent jamais de travailler… C’est à se demander où ils puisent leur énergie. Cette constante quête du « toujours mieux » fait partie de la culture de cet art et développe des qualités d’endurance physique et mentale qu’il faut quand-même souligner. L’importance des petits détails notamment fait partie de ce processus d’élévation. Car ce sont eux qui font la différence et qui donnent le meilleur résultat. Peaufiner l’infime détail c’est ajouter de la qualité au geste et à l’intention. C’est aller au bout du mouvement, de son esthétique et de son sens. Le bâclage n’existe pas dans la danse et même pour nous amateurs, nous faisons cet effort de revisiter chaque détail, de « nettoyer » le mouvement pour lui rendre son impact artistique, technique ou émotionnel.
La force du groupe
La connexion entre nous est un élément indispensable. Appelons cela également esprit d’équipe. Nous n’avons pas toutes le même corps, le même âge ni la même couleur de peau et cette mixité donne une identité au groupe. La connexion entre nous est à elle seule un élément de la danse. Certes il ne faut compter que sur soi-même pour exécuter une chorégraphie mais sentir l’énergie des autres est un moteur ultra puissant qui regroupe nos personnalités respectives en une identité forte qui atteint le public. Danser pour soi seul n’a pas de sens et reste réducteur. Danser avec les autres pour un auditoire est d’une toute autre force. Le dicton « l’union fait la force » prend tout son sens ici. Cette énergie réunie dans un objectif commun est présente dès les premières répétitions. L’entraide, l’encouragement face au doute, à l’angoisse ou à la peur de l’erreur par laquelle passe tout danseur, demeurent des valeurs essentielles. Si une personne ne va pas bien, c’est tout le groupe entier qui souffre.
Le facteur clé de la réussite
Une bonne préparation est donc ce qui permettra une bonne prestation quel qu’en soit le domaine. Plus on est préparé, plus on se sent prêt, plus on est confiant, plus on se sent libre. L’adrénaline grimpe en flèche et il faut rester vigilant car elle produit des phénomènes parfois étranges. Par exemple l’année passée, nous avions toutes eu la conviction que la musique était plus lente le jour de la performance que pendant les répétitions, ce qu’a démenti le régisseur son. Les premières secondes ont été déstabilisantes pour nous car nous avions l’impression de danser au ralenti, nous nous sommes donc recentrées sur la musique et avons pu danser notre chorégraphie comme prévu. Il y a souvent des petites surprises ou anecdotes rigolotes qu’il faut savoir gérer et le fait d’être bien préparé est un grand confort. Danser est un art vivant, il n’y a pas de filet. Il faut être performant au bon moment quoi qu’il se passe. Et cela s’applique à tant de domaines dans la vie !
Et vous, comment vous préparez-vous face à un challenge important ?
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J’ai lu avec plaisir cet article. Je danse tango depuis 8 ans et tous les elements de quoi tu parles sont esentielles pour réussir. Je crois que le rôle des professeurs et aussi très important pour être motivé, pour savoir faire ce qui nous devons pratiquer et pour partager avec tous qui sont dans notre groupe de danse. Au même temps, un bon professeur est le guide por atteindre vraiment le « bien ».
Ton livre gratuit est un très bon guide pour penser la danse comme une excellente alternative aux problèmes du stress.
À bientôt!
Merci beaucoup Paola, oui la danse est à mon sens un des meilleurs outils pour lutter contre le stress et nous réapproprier notre véritable identité et personnalité. Nous sommes tellement accaparés par le monde extérieur et la société que bien souvent nous nous oublions et nous nous coupons de nous-mêmes. Danser permet de revenir à soi d’abord. Et c’est une démarche indispensable à toute réalisation. Bonne continuation dans ton apprentissage du tango, c’est une danse tellement magnifique !