Un rêve qui la rattrape à ses 30 ans, celui d’aller vivre aux Etats-Unis. Elle gagne un visa à la loterie le jour où elle emménage avec son compagnon. Et oui, la vie… Cap sur l’American dream de Marie-Loup.
L’histoire pourrait ressembler à une comédie romantique américaine avec comme héroïne, la lumineuse Julia Roberts. « « Pourrait » oui, si on fait abstraction de la tornade émotionnelle que la simple évocation de tout quitter, insuffle. Stress, chaos, peur viscérale de ce qui sera ou ne sera pas. Poids de la culpabilité, le cœur comme une enclume à l’idée d’abandonner ses proches. Car on a beau avoir au fond de soi des rêves de gosses, des envies d’aventures ou d’ailleurs, les réaliser est une autre paire de manches.
Mais revenons à la genèse. Depuis ses 15 ans, Marie-Loup rêve des Etats-Unis, c’est son échappatoire. Quand elle a le blues, elle s’imagine une vie américaine rythmée, dense, différente. Elle fait quelques voyages à New-York et San Francisco et revient chaque fois émerveillée. Elle lit en anglais, collectionne quelques souvenirs et drapeaux américains, cuisine un repas de Thanksgiving pour une amie américaine de passage à Paris et entretient au fil du temps cette passion pour l’Ouest.
Confrontée à la difficulté de trouver un emploi en marketing international après ses 5 ans d’études, elle opte pour un job alimentaire dans une compagnie d’assurances puis évolue vers un poste de consultante informatique à Paris, tout en gardant un œil sur le marché du travail américain. Loin d’être satisfaite des missions dénuées d’intérêt qui lui sont confiées, elle tente un VIE (Volontariat International en Entreprise). Elle frôle une embauche à San Francisco, expérience dont elle retient l’aspect encourageant, et provoque le sort en jouant à la loterie un an plus tard pour gagner la fameuse carte verte. En vain.
Le temps passe, Marie-Loup évolue dans son travail, tombe amoureuse, prend soin de sa maman atteinte depuis quelques années d’une maladie neurodégénérative, célèbre la naissance de son petit neveu comme une bénédiction, s’investit dans son groupe de danse, développe un projet de wedding-planner durant son temps libre, et même si une forme de tristesse latente la rattrape de temps en temps, sa vie est belle. L’année suivante, c’est en dilettante qu’elle retente la loterie la veille de la clôture des inscriptions, sans conviction aucune, juste histoire de. Car Marie-Loup a des projets de vie de couple ; l’envie d’habiter avec son compagnon se profile à l’horizon et après quelques visites et un coup de cœur pour un appartement parisien, c’est décidé ! Malgré tout, le jour même du grand changement que représente cet emménagement pour elle, elle allume son ordinateur entre 2 cartons juste par acquis de conscience, pour ne pas avoir de regret et tourner sereinement la page de ce vieux rêve.
Quand la vie s’en mêle
Le mot Congratulations apparaît sur l’écran comme l’ultime signe d’un petit ange-gardien planqué dans un recoin d’univers, agitant son drapeau rouge l’air de dire : « ben alors Marie-Loup, et ton rêve ? » Imaginez-vous annoncer à votre chéri le 1er jour de votre emménagement que finalement vous immigrez de l’autre côté de l’Atlantique… La vie dans toute sa splendeur… Des allers-retours de tergiversations, elle en fera par centaines. Les « j’y vais », « j’y vais pas » hurlent à tue-tête dans son esprit comme une contine insupportable dont elle choisit de clouer le bec en prenant LA décision. Avec le soutien de ses proches, Marie-Loup tranche : ce sera New-York, et cette décision est d’une telle force libératrice qu’elle lui donne des ailes. Le pouvoir de la décision n’est pas un mythe, tout part souvent d’un « simple » choix (même si un choix de ce gabarit n’est jamais simple…). Choisir ce qu’on veut et ce qu’on ne veut pas. Le reste se fait naturellement et par étape avec son lot d’incertitudes, car n’oublions pas que nous sommes dans la vraie vie et que Marie-Loup a beau être lumineuse, elle n’est pas la Julia Roberts d’Hollywood !
Trouver un appartement, un travail, se faire des amis, s’adapter à une autre culture. Mésaventures, petites victoires, déceptions et succès ponctuels jalonnent sa nouvelle vie. Si on filtre le positif, Marie-Loup gagne en estime d’elle-même, trouve ses marques, s’épanouit dans un travail qui lui correspond enfin, reçoit aussi souvent que possible son compagnon resté en France, ses amis et sa famille avec qui elle sillonne la grande pomme à coups de kilomètres à pied. Elle s’extasie encore devant la statue de la liberté, s’enivre des couleurs de Central Park et passe des soirées à admirer Manhattan du toit de son appartement à Brooklyn.
Parce que mine de rien, elle l’a fait ! Même si demeurer loin de ses proches est toujours aussi déchirant, même si la culpabilité s’immisce encore, même si elle sait que son cœur est en France et qu’elle y reviendra quand le moment sera le bon, elle lâche prise et vit son rêve. Elle mesure tout ce que l’expérience lui apporte aujourd’hui, elle profite d’une culture qui encourage le succès, de la chance qu’elle s’est donnée d’apprendre, d’évoluer, et de mieux se connaître ; car il n’y a que dans les vrais challenges, ceux qui impliquent de véritables sacrifices, que l’on sait réellement qui l’on est.
La danse : un rendez-vous avec soi-même
Quand elle n’écrit pas sur son blog et quand elle ne travaille pas, Marie-Loup danse. Pousser la porte du Broadway Dance Center à New York fait partie intégrante du rêve ! Elle profite de ses acquis en jazz pour intégrer des groupes avec différents professeurs mais se trouve vite refroidie par des cours pleins à craquer et le côté trop élitiste de la discipline. Elle opte alors pour un cours de hip hop fusion dans lequel elle se sent mieux. L’ambiance est plus chaleureuse, le style créatif, les musiques variées, et le professeur challenge ses élèves en mettant davantage l’accent sur l’interprétation et la performance que sur la simple reproduction d’une chorégraphie. Marie-Loup retrouve alors ce rapport amical et intimiste qu’elle avait expérimenté durant ses cours à Paris. Danser avec des amis, sous la direction d’un professeur qui connaît ses élèves individuellement et qui s’attache à leur progression crée selon elle les meilleures dispositions pour se donner à fond, lâcher prise, et progresser. Au point de participer au show case proposé par son professeur new-yorkais, histoire de retrouver l’adrénaline de la performance scénique qu’elle avait connue à Paris.
Un engagement
Quand elle regarde en arrière, Marie-Loup s’aperçoit que la danse l’a toujours accompagnée. Un vague souvenir de tutu la projette dans un cours de classique rythmant sa petite enfance. Elle évoque également ces dimanches en famille où sa mère antillaise branchait la musique pour danser avec ses filles sur des rythmes caribéens, ainsi que ces départs en vacances où les 3 sœurs dansaient même dans une voiture pleine de bagages pour célébrer leur joie ! Adolescente, elle s’essaie au rock piétiné et acrobatique et pousse l’expérience jusqu’en compétition. La musique d’une époque vintage qu’elle affectionne particulièrement, et le style enjoué et dynamique de cette discipline répondent à ses envies de défoulement et de structure. Elle se dirige ensuite vers un cours de hip hop street jazz dont le professeur l’inspirera assez pour qu’elle prenne conscience de l’importance de la danse dans sa vie. Danser c’est s’engager d’abord avec soi-même et cet enseignement sous-jacent oriente ses choix de vie. Elle s’inscrit enfin au Centre de danse du Marais à des cours de jazz et urban jazz où elle rencontre un professeur attentionné, de futurs amis, et une méthode qui l’aide à se structurer davantage, à s’exprimer et à s’accomplir pleinement. « J’avais besoin de la danse pour évacuer » comme d’une parenthèse où elle s’autorise à laisser au vestiaire la fatigue, le quotidien, le stress, les coups de blues et les coups durs. « La danse m’a apporté la discipline, l’envie de progresser, l’envie de réussir, l’envie de lâcher prise ». L’envie avec un grand E, on oublie souvent de le dire, donne accès au sentiment d’exister, à la stimulation, au goût de l’effort et du défi, à l’énergie libératrice, à l’esprit conquérant. Fabuleux outils trop peu enseignés dans nos écoles et pourtant indispensables à la construction de soi.
« Ce qui est pour toi, la rivière ne l’emporte pas »
Ce proverbe créole que sa maman lui répète souvent, Marie-Loup en a fait son mantra. Son choix de vie, cette marche vers son rêve américain résonne comme un hommage à cette femme qu’elle appelle toujours son « roc », son « ancre », et dont elle se sent encore plus proche malgré la distance. Car en effet la rivière n’emporte pas ce qui doit se produire ou arriver à tel moment dans sa vie pour la faire grandir. Croire en soi, se donner les moyens de se réaliser et en finir avec le besoin toxique de tout contrôler, sont désormais ses piliers, sa boussole. A sa mesure, Marie-Loup nourrit le monde et se nourrit de lui. Elle apprend à surfer sur la vague en utilisant les bons courants. Elle pose des actes, écrit son histoire, ouvre des portes qu’elle croyait sans doute scellées et derrière lesquelles l’attendent des opportunités accueillantes comme des petites bougies. Et finalement, on y est presque dans ce scénario de film américain au happy ending léger et dont les spectateurs repartent le sourire aux lèvres ! Comme quoi…
Et vous, marchez-vous vers vos rêves ?
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